L’Initiative pour les droits humains au Burundi
Des membres de l’armée burundaise montent la garde lors de l’investiture du président Évariste Ndayishimiye, le 18 juin 2020 à Gitega. © 2020 Privé
Des membres de l’armée burundaise montent la garde lors de l’investiture du président Évariste Ndayishimiye, le à Gitega. ©  Privé

À l’abri des regards

Violences sexuelles par des militaires burundais dans la province du Sud-Kivu au Congo

Des membres de l’armée burundaise ont violé, enlevé, détenu arbitrairement et maltraité des civils congolais depuis leur déploiement au Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), fin pour combattre les groupes armés burundais et congolais. Des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir au Burundi, les Imbonerakure, qui ont combattu aux côtés des troupes burundaises pendant la phase non officielle de l’opération jusqu’à la mi-, et des membres de groupes d’opposition armés burundais basés en RDC ont également violé des femmes congolaises.

Dans le rapport de l’Initiative pour les droits humains au Burundi, « À l’abri des regards : violences sexuelles par des militaires burundais dans la province du Sud-Kivu au Congo », des victimes congolaises et d’autres témoins décrivent comment des militaires burundais ont enlevé et violé des femmes et battu des civils qu’ils soupçonnaient de collaborer avec des groupes armés burundais. Ces actions violent le droit international humanitaire et sont susceptibles de constituer des crimes de guerre.

Certains des commandants burundais responsables des troupes en RDC, comme Ignace Sibomana et Ildephonse Baranyikwa, ont été accusés de graves violations des droits humains au Burundi dans le passé. Le gouvernement burundais ne leur a jamais demandé de rendre des comptes.

Illustration photographique : Prison de Ruyigi, 2011. © 2011 Privé
Illustration photographique : Prison de Ruyigi, . ©  Privé

Prisonniers oubliés

Pour certains prisonniers au Burundi, les véritables souffrances commencent après leur « libération ». Ils sont illégalement détenus au-delà de leur date de libération, souvent sans explication, après avoir été acquittés, après qu’un tribunal a ordonné leur libération provisoire ou après avoir purgé leur peine.

Un nouveau rapport de l’Initiative pour les droits humains au Burundi, « Prisonniers oubliés : la justice burundaise ignore la loi », décrit comment des responsables judiciaires et des directeurs de prison violent fréquemment la loi, ou obéissent aux instructions d’agents du service de renseignement ou de procureurs de ne pas libérer certains prisonniers – en particulier ceux accusés d’infractions politiques ou liées à la sécurité. Le problème est aggravé par les retards au niveau des cours d’appel, en particulier à la chambre de cassation de la Cour suprême, où les affaires peuvent rester bloquées pendant plusieurs années.

Les promesses non tenues du président Évariste Ndayishimiye de réformer le système judiciaire jettent une ombre sur sa réputation. Au-delà de quelques gestes superficiels, il n’a pas réussi à remédier à l’une des formes d’injustice les plus flagrantes : les procureurs qui ordonnent aux directeurs de prison de détenir illégalement des prisonniers dans des affaires « sensibles ». Le président va-t-il enfin prendre des mesures pour garantir que la loi soit respectée et que les décisions de justice soient appliquées sans délai ?

Le président Évariste Ndayishimiye (à gauche) aux côtés d’Alain Guillaume Bunyoni après son investiture en tant que Premier ministre le 24 juin 2020. © 2020 Privé
Le président Évariste Ndayishimiye (à gauche) aux côtés d’Alain Guillaume Bunyoni après son investiture en tant que Premier ministre le . ©  Privé

Un adversaire vaincu

En , le président Évariste Ndayishimiye a ordonné l’arrestation de son ancien Premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni. Cette arrestation semble avoir redessiné la carte du pouvoir politique au sein du CNDD-FDD, le parti au pouvoir au Burundi, révélant les dynamiques changeantes et signalant la volonté de Ndayishimiye d’agir de manière décisive contre les opposants au sein de son parti.

Le rapport de l’Initiative pour les droits humains au Burundi, « Un adversaire vaincu : jusqu’où ira le président Ndayishimiye ? », explore l’importance de l’arrestation de Bunyoni et analyse comment celle-ci pourrait façonner l’orientation politique future du Burundi. Ndayishimiye continuera-t-il à marginaliser ses opposants au sein du CNDD-FDD et à consolider son pouvoir ? Sera-t-il confronté à la résistance des partisans de la ligne dure du parti, mécontents de ses dernières initiatives ? Quel est l’impact de ces événements sur la situation des droits humains ?

Le rapport souligne également les conséquences probables de la crise au sein du principal parti d’opposition, le CNL, notamment à la veille des élections législatives de .