L’Initiative pour les droits humains au Burundi
Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD (à gauche), et le président Évariste Ndayishimiye (à droite), au congrès du parti au pouvoir à Gitega, le 22 janvier 2023. © 2023 Privé
Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD (à gauche), et le président Évariste Ndayishimiye (à droite), au congrès du parti au pouvoir à Gitega, le . ©  Privé

Une alliance précaire

Qui détient le pouvoir au Burundi ?

La fin de l’année a été marquée par des changements politiques spectaculaires au Burundi. Le président Évariste Ndayishimiye a démontré sa force et a fait ce qui avait été impensable : il a destitué le premier ministre autrefois très puissant, Alain Guillaume Bunyoni.

Le nouveau rapport de l’Initiative pour les droits humains au Burundi, « Une alliance précaire : qui détient le pouvoir au Burundi ? », analyse les relations entre les personnalités influentes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, et leurs tentatives de consolider leur pouvoir. Le rapport documente la formation de membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les Imbonerakure, et les actes d’intimidation et les mauvais traitements de membres de partis d’opposition par des Imbonerakure, ainsi que par des autorités du gouvernement et du CNDD-FDD.

La destitution de Bunyoni a peut-être réussi à réaligner l’équilibre du pouvoir en faveur du président Ndayishimiye, mais cette nouvelle dynamique pourrait être temporaire. Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD et membre influent de la ligne dure, continue d’afficher son allégeance à l’ancien président Pierre Nkurunziza, défiant, de manière implicite, le président Ndayishimiye et sapant les réformes que celui-ci a promises.

En , Ndikuriyo a organisé des formations « patriotiques » pour des milliers d’Imbonerakure et a prononcé des discours enflammés pendant certaines cérémonies de clôture. Il a également mené une formation séparée pour plus de 200 Imbonerakure dans la province de Makamba, avec pour but de les envoyer travailler dans le secteur de sécurité privée à l’étranger, apparemment au Moyen-Orient.

Malgré ses scissions internes, le CNDD-FDD semble uni sur une chose : son désir de gagner à tout prix les élections législatives en et les élections présidentielles en . Ndikuriyo a déclaré à des Imbonerakure qu’ils devaient recruter les membres des partis d’opposition pour adhérer au CNDD-FDD d’ici . Après cela, a-t-il dit, le CNDD-FDD passerait à l’étape suivante et il ne leur serait plus possible d’y adhérer. Des Imbonerakure ont menacé leurs opposants politiques de dommages physiques voire de mort s’ils refusaient d’adhérer au CNDD-FDD.

Il y a eu bon nombre de spéculations sur l’avenir de Ndikuriyo, qui aurait été dans le camp de Bunyoni. Ndikuriyo semblait avoir pris l’ascendant pendant la majeure partie de et malgré des rumeurs de changements à la direction du parti, le congrès du CNDD-FDD le ne l’a pas démis de son poste. Cependant, certains prédisent que le président Ndayishimiye pourrait essayer de couper les ailes de Ndikuriyo dans l’avenir proche si celui-ci menace son programme de réformes. Vu la popularité de Ndikuriyo parmi les Imbonerakure, les conséquences d’une telle action sont imprévisibles et pourraient entraîner de nouveaux bouleversements en .

Le rapport est disponible en français et en anglais. Un résumé audio du rapport est disponible en kirundi.